ÉDITO 2016: L’aurore?
11 mars 2016
Illustrations: photos prises au printemps 2010 à l’église sainte Philomène de Fortierville, à la tombe et à la maison d’Aurore Gagnon. Le maire de Fortierville apparaît avec nous sur une photo.
Serait-il possible que tout soit écrit sur un certain plan de conscience? et si notre vie était mieux ourlée qu’un scénario ou qu’un roman?
Étant paresseuse de nature, mais dotée de gros bon sens, je me suis toujours demandé pourquoi les écrivains perdaient leur temps à des masturbations mentales incroyables afin de conjurer la page blanche induite par la recherche de fiction. Dans la vraie vie, la page blanche n’existe pas. Car les anges ont plus de scénarios qu’on ne l’imagine, et, pour peu qu’on apprenne à voir et à entendre au-delà du visible, on n’arrête pas d’écrire, compulsivement, de jour et de nuit.
C’est, selon moi, une insulte à l’existence, une terrible perte de temps, et un affreux mensonge, de transformer des éléments de notre propre vie en fiction (quelles vaines complications!) alors que les rebondissements provoqués par la foi active (ainsi que les noms des figurants fourmillant dans un roman véridique) décoiffent le meilleur polar ou thriller psychologique. C’est pourtant simple: l’écrivain, le vrai, n’a pas droit au chapitre. Car le livre mène la danse, et il est impossible de prédire où la magie de la vie nous conduit, dans un jaillissement constant de coïncidences.
J’étais donc classée « hors normes » par les éditeurs de presse ou de livres auxquels je me présentais, puisqu’il fut décidé, dès ma naissance (et même avant), que je ferais des « enquêtes témoignages » en tant que cobaye d’une part, et journaliste de l’invisible d’autre part. Autrement dit, je serais à la fois le maître et le pion d’une histoire étrange et fourmillant de hasards dépassant l’entendement.
Ainsi, c’est parfaitement contre mon gré que je poursuis l’écriture. Car je me suis rebellée, en vain, contre ce destin faisant de moi un petit jouet que les anges se plaisent à propulser de gauche et de droite suivant un scénario qu’une force supérieure (ou mon essence divine) a dû écrire. Inutile de lutter contre les instances divines, lorsqu’on remet son âme à Dieu. Et croyez bien que ça aussi, je ne l’ai accepté qu’avec une réticence extrême, lorsque mon ego fut réduit en miettes, par le scalpel de « L’Opération esthétique »; mon livre pionnier qui a fait grand bruit, et qui fut étouffé au coeur même de l’édition et de la justice corrompue des créatures.
C’était compter sans la justice des anges, qui se sont mêlés de la procédure!
Tout a commencé par des rêves étranges, au printemps 2007, dans lesquels un certain curé d’Ars bénissait mon bureau, et m’assurait que sa petite protégée, sainte Philomène, allait m’exaucer. Encore athée, sceptique et dure à cuire (même au coeur d’une autre aventure téléguidée par ste Thérèse *), il me fallut des apparitions oniriques répétées du curé d’Ars et de ste Philomène pour me convaincre de lire leurs biographies… du moins celle du curé d’Ars, car Philomène, petite sainte ado (classée aussi comme sorcière) découverte après 17 siècles dans les catacombes romaines, fait toujours l’objet de controverses.
Cet intermède tombait à point. Quoi de mieux qu’un peu de magie, en effet, pour me distraire de mon lourd procès à la Cour Supérieure du Québec?
Titillée, donc, par ces songes récurrents et par une valse déconcertante de coïncidences constatées par plusieurs témoins tout aussi dubitatifs, je me suis alors rendue avec une amie à l’église de sainte Philomène de Fortierville, sans trop savoir ce que j’allais y découvrir. Et c’est là que le ciel m’est tombé sur la tête. On aurait dit que les saints s’étaient concertés pour me piéger dans un scénario suffisamment burlesque pour me faire enquêter sur un monde parallèle foisonnant d’intrigues remontant jusqu’à l’époque du Christ (auquel je ne croyais pas lorsque j’écrivis « L’Opération esthétique »). Même les prêtres que j’ai rencontrés en étaient retournés, voire apeurés, puisque la plupart d’entre eux -autre mensonge- ne vivent pas de coïncidences… ce qui est un contresens, parce que la foi fonctionne par des signes concrets et observables. Il est vain de croire aveuglément, sans exiger des preuves constantes, à notre époque où la mystique rejoint la science dans une fantastique avancée quantique. Les miracles ne sont d’ailleurs pas autre chose qu’un saut quantique, à des « points de choix » jalonnant nos destins multiples. Notez qu’il existe seulement une destinée divine, soit le meilleur destin de chacun de nous, sur laquelle les événements sont chronométrés de façon rigoureusement exacte, comme je l’étudie chaque jour depuis deux décennies, et comme l’auront constaté ceux qui ont la persévérance et l’audace de voir cette divine matrice.
C’est à Fortierville, aussi, que j’ai découvert Aurore, l’enfant martyre, dont le Québec parle encore aujourd’hui, et dont la tombe est collée à l’église. De toute évidence, les rêves et signes me montraient une connexion intime entre Aurore et Philomène (sans quoi je ne me serais jamais intéressée à Aurore, encore moins à Philomène). Quelle était cette connexion, et sur quel nouveau mystère la vie exigeait-elle que j’enquête? Plus improbable: existait-il un lien entre Philomène, Aurore et « L’Opération esthétique »?
Trois ans et des milliers de hasards plus tard, je rencontrais mon conjoint, qui, lui aussi, fut rapidement « happé » par Philomène et Fortierville. Nous nous connaissions à peine que nous y faisions un pèlerinage (au printemps 2010), et rencontrions le maire de la place, à qui nous avions rapporté quelques miracles.
Après un autre six ans (et un incessant harcèlement de Philomène qui nous a propulsés, pour cette enquête, jusque dans les catacombes romaines), je me résous enfin à ouvrir mes manuscrits détaillant, au quotidien, la procédure de « L’Opération esthétique » (ou l’histoire renversante d’un livre subtilement étouffé)… ainsi que le recensement de signes, rêves et miracles jalonnant une « trame » où le drame côtoie l’enchantement à tout instant. Une énigme qui dépasse, de loin et cela va sans dire, l’histoire du livre.
Il me faut du courage pour me replonger dans cette matrice divine, dans cet enchevêtrement de synchronicités constituant des milliers de pages que je n’ai aucune envie de compulser. Mais un signe perçu devient… consigne, et je n’ai pas le droit de m’éjecter de cette mission d’écriture qui me fut confiée. « Relate les coïncidences les plus flagrantes » m’a dit un rêve, avant de quitter Québec. Une gageure, alors que l’échafaudage de ces hasards tient tout ensemble! J’ai donné un titre provisoire à ce livre (ou à cette série de livres), qui initialement devait être la suite des « Hantises amoureuses » (prévues en six tomes) suivant l’accord avec mon ex éditeur, AdA. Ce titre: « TOUTE LA VÉRITÉ SERA DITE » est mentionné sur mon site web et sur une page facebook, avec les premiers chapitres.
Espérant encore échapper à mon devoir d’écriture, j’ai sauté sur le siège éjectable, tourné en rond quelques mois, cherchant une autre issue, mais peine perdue… Philomène m’accule à la relecture, sans autre délai, ne serait-ce que par ce livre presque introuvable: « Aurore, la vraie histoire » qui me narguait ce 8 mars (fête de la femme) chez le libraire, et dont j’avais lu quelques pages à l’été 2009, sans plus. Illustration de couverture: une clé dans une serrure!!! Philomène a de la suite dans les idées!
Je commencerai donc par écrémer mes volumineux cahiers, pour y revenir ensuite, alléger encore, en comptant sur Philomène & Co (autres saints et anges apparus dans mes songes au fil de l’histoire) pour me guider dans la rédaction de cette nouvelle « enquête-témoignage », qui se poursuivra sous la forme d’un journal dont vous excuserez les répétitions et redondances inévitables. Quant au titre… il nous sera révélé plus tard!
Enfin… à quoi bon ce livre? me dis-je dans un dernier sursaut de négation. Une porte semble s’ouvrir, malgré tout, après des mois de résistance et de stagnation. C’est peut-être bien Aurore.
Pierrette
(*) Les hantises amoureuses, tome 1, Journal d’une médium miraculée par sainte Thérèse de Lisieux