Interview cachée

52_Caroline3_3712.JPGChirurgie esthétique: une journaliste cobaye raconte l’«enfer» de la médaille

Pierrette Dotrice, journaliste et auteure d’origine belge, vient de publier le livre avant-gardiste L’Opération esthétique, Journal intime d’une journaliste cobaye de la chirurgie esthétique (Éditions Le Dauphin Blanc). Elle conte dans ce livre l’incroyable parcours qui l’a amenée à subir pas moins de 20 opérations esthétiques – dont certaines expérimentales – et l’a défigurée durant cinq ans. Elle ose aujourd’hui se confier sur l’abus médical qu’elle a vécu avec son chirurgien, et dont les répercussions sont comparables au viol ou à l’inceste. «Se taire, c’est laisser faire», dit-elle.

QUESTIONS

1. Madame Dotrice, vous dites que votre livre, L’Opération esthétique, contient des secrets explosifs sur les coulisses de la chirurgie esthétique?

En effet, mon livre contient des informations inédites sur les secrets bien gardés de la chirurgie esthétique. N’oublions pas que Madame Charest est morte voici trois ans dans une clinique esthétique, ce qui a fait grand bruit. Certains semblent craindre un resurgissement de mauvais souvenirs. Pour ma part, au nom d’une cause sociale (les nouvelles relations entre hommes et femmes), et en «journaliste cobaye de la chirurgie esthétique», j’ai donné mon corps à la science. C’est-à-dire que, belle au départ, j’ai pourtant vécu tout ce qu’il est possible de vivre en chirurgie esthétique -y compris des opérations expérimentales. Je suis rescapée in extremis d’un thriller aussi incroyable que véridique -à la fois enquête et témoignage- que j’ai mis sept ans à écrire, et que je fais percer seule, à la force du poignet. Mon ouvrage dévoile des informations absolument inédites sur «comment on peut mourir en coulisses de la chirurgie esthétique», et les dessous hallucinants d’un dangereux marché (européen, du moins), qui, suivant «Massacre à la tronçonneuse», pourrait devenir «Massacre au bistouri».

2. Résumez-nous ce scénario d’horreur?

Je vous renvoie à mon livre, car il est impossible de résumer un tel thriller. En deux mots, mon livre conte notamment la violence et l’emprise exercées par un chirurgien sur sa patiente, les manipulations sexuelles en coulisses d’une clinique belge privée de chirurgie esthétique, la vengeance perverse d’une infirmière jalouse qui a diminué ma dose d’anesthésiant, enfin la longue défiguration qui s’ensuivit pour passer de mon image de séductrice à une image séduisante, couronnés par mon enquête courageuse de «journaliste cobaye» défigurée parmi des charlatans de la chirurgie esthétique (et sur les fondements de celle-ci). Admettez que le scénario ne manque pas de piquant. Il rappelle celui des «Liaisons dangereuses» de Choderlos de Laclos, transposé à notre époque, sur fond de carnage au bistouri.

3. Que s’est-il passé avec les médias?

Tout s’est passé très vite: les médias se sont précipités chez moi en deux jours, pour s’emparer d’un scoop qu’ils n’ont pas compris. J’ai été propulsée à la télévision sans prévenir. Un présentateur, plus finaud que les autres, capta toutefois les prémices du début de ce que je n’osais encore dévoiler, et aborda le sujet de l’abus médical dans une émission très réussie. Or, à peine l’abus médical fut-il esquissé… que les interviews ont brusquement cessé… Je suppose que mon livre a lancé un pavé dans la mare de praticiens soucieux de préserver leur empire financier et, pour certains, d’autres avantages moins visibles, tel leur droit de cuissage. Bizarrement, il n’y a pas de précédent pour mon «enquête témoignage» en coulisses de la chirurgie esthétique. Les femmes abusées se cachent, et lorsqu’elles osent se montrer, on leur fait un lavage de cerveau avec les arguments du type: «Quelque chose ne tournait pas rond», «Il vous reste encore un chemin de guérison à parcourir» ou, plus vicieux: «Vous devriez lâcher prise sur le passé, accéder à une vie simple et normale sans vous battre contre des moulins à vent.» Certains témoins seraient anéantis à moins, mais le piège -qui fait frémir- est trop grossier.

4. Votre livre dévoile aussi que vous avez été cobaye pour une opération expérimentale?

Outre ma liaison dangereuse avec un chirurgien abusif, qui avait une clinique privée en Belgique, il est vrai que j’ai servi de cobaye humain pour une opération expérimentale. À moins qu’un chirurgien ne me contredise, je suis la seule personne au monde à porter des implants en silicone glissés sous les muscles temporaux. Cette nouvelle opération a d’ailleurs enchanté mon chirurgien, plus soucieux de devenir célèbre que du bien-être de ses patientes. Et comme ce chirurgien tentait en même temps de me garder sous l’emprise de sa séduction, il a raté à deux fois cette intervention, avant de finalement la réussir.

5. Vous avouez que vous étiez vous-même une séductrice?

Je ne l’ai pas caché, comme vous pouvez le voir sur les photos du livre. En recourant à un double parcours : la chirurgie esthétique et la psychanalyse, il faut comprendre que je voulais sortir de mon «trip» de séductrice. Comme je l’ai révélé déjà, j’étais une femme fatale, image hélas valorisée aujourd’hui et qui pousse les gens à compétitionner agressivement et se détruire. Je me faisais opérer pour retrouver mon « vrai visage ». Car au fond de moi, j’ai toujours été une femme gentille et créative. Mais en Belgique, comme dans beaucoup de pays encore, la femme n’a pas le droit d’être authentique : pour survivre, elle doit être « soumise » ou « fatale ». Ainsi, sur mon visage, je portais un masque. Ou les marques amères d’un passé malheureux qui ne m’appartenaient pas.

6. En quoi votre histoire rejoint-elle le public?

Je parle dans mon livre d’une blessure publique dont mon histoire est, bien évidemment, une caricature. Qu’il s’agisse d’un visage marqué par des traumatismes, d’une question d’obésité, ou d’autres complexes d’image s’exprimant en des possibilités infinies, tout le monde souffre plus ou moins dans une société viciée par les apparences. La chirurgie esthétique est un terrain de choix pour illustrer un mal-être social qui prend mille contorsions pour se dire. Le livre concerne donc chacun et chacune d’entre nous. Il ne s’agit pas d’un ouvrage nouvel âge ou «nouillage» renforçant hypocritement la dictature -ou à la solde d’une secte, puisqu’un dogme attire son contraire-, ni d’un reportage sponsorisé et superficiel, sinon d’une «enquête-témoignage» avant-gardiste que je fais percer seule à la force du poignet, et qui oblige, il est vrai, à réfléchir. La trame s’appuie sur les relations oedipiennes ou «impossibles» sévissant aujourd’hui entre hommes et femmes.

7. Les relations impossibles entre hommes et femmes?

Mais oui! Sur fond de chirurgie esthétique, mon livre sonde les relations adultères entre hommes et femmes victimes de l’image. Ces relations cannibales intéressent plus d’une tranche de la société: elles sévissent partout, en particulier chez les gens «bien sous tous rapports». Or la chirurgie esthétique, qui traverse actuellement une crise de croissance, peut, si elle est comprise, contribuer à nous extraire de ces jeux destructeurs, soit nous faire passer «de l’amour du pouvoir à la puissance de l’amour». C’est un scoop sans précédent. Voilà pourquoi, belle et garce, j’ai subi vingt opérations au visage pour devenir belle et sage. Pour que l’«infir-mère» et sa rivale, la maîtresse (qui symbolisent deux types de femmes destructrices dans nos sociétés, derrière leurs images valorisantes), n’en fassent plus qu’une, enfin belle dehors et belle dedans. Quel soulagement pour l’homme, si la femme devenait intelligente! Au troisième millénaire, on pourrait grandir et s’amuser ensemble, en lâchant ces trucs démodés de séduct(u)eurs et de séductrices -comme les singes Bonobo qui connaissent, paraît-il, des relations excitantes et authentiques. Il est moins une. Dans L’Opération esthétique, vous trouverez un nouveau code des relations vraies, que j’intitule le FLAME: «Front de Libération des Amants, des Maîtresses et des Époux». Car ne nous leurrons pas: la femme fatale, qu’elle soit sournoise (l’infir-mère) ou séductrice (la maîtresse) n’est finalement fatale que pour elle-même. Voilà pourquoi les femmes -nombreuses- qui veulent ressembler à mes photos «d’avant» sont douteuses. Alors que les femmes créatives, espiègles et naturelles, sont si joliment sensuelles… Revendiquons leur droit d’exister! Dès lors, les hommes auront plaisir à changer… Au troisième millénaire, et à moins d’une catastrophe planétaire, il est urgent de réinventer les relations entre hommes et femmes, de redéfinir les sexes!

8. Avec le chirurgien, on peut dire qu’en gagnant un amant, vous avez perdu un médecin?

Exactement. Si au départ la séduction entre le chirurgien et moi-même était réciproque, vous imaginez par la suite la douleur qu’a représenté pour moi la manipulation affective de mon chirurgien, qui m’empêchait justement de guérir, et par surcroît de retrouver mon visage. Et lui, sourd à mes appels, s’entêtait à me séduire, tandis que mes efforts pour retrouver le médecin s’avéraient vains. Il n’entendait plus ma demande chirurgicale, tout simplement.

9. Mais dans ce climat malsain, pourquoi avoir persévéré avec le même chirurgien?

N’oubliez pas que je subissais une manipulation subtile d’une part, et que, d’autre part, j’étais affaiblie par l’opération des implants temporaux pour laquelle je servais de cobaye. En outre, il m’a fallu des mois pour comprendre cette histoire, avec l’aide d’un témoin de choix: soit mon psychanalyste, thérapeute renommé en Belgique. Enfin, parallèlement à ce qui m’arrivait, je reste journaliste, et avec mes dernières forces je ressentais l’appel intérieur de faire toute la clarté sur une sinistre affaire de manipulation sexuelle. Une manipulation savamment orchestrée non seulement par le chirurgien, mais surtout, en coulisses, par une infirmière machiavélique intéressée, elle, à son empire financier. J’ai appris plus tard que cette femme vivait avec lui.

10. Parce que l’infirmière était complice du chirurgien?

Oui, aussi incroyable que cela paraisse. Ce couple sordide opérait dans une clinique privée, dotée des signes de richesse les plus enviés, mais dont les coulisses ressemblaient étrangement à un bordel. Je dois vous avouer que ce qui se passait dans cette clinique dépassait tellement mon imagination que le secours du psychanalyste me fut précieux pour élucider une intrigue extrêmement perverse. Encore une fois, je vous renvoie à mon livre, car il est difficile de résumer un scénario aussi retors. Je peux toutefois vous affirmer que mon cas n’était pas unique: suite à des confidences recueillies dans les milieux esthétiques en Belgique, plusieurs femmes avaient été abusées dans cette clinique privée. Tandis que d’autres patientes étaient subtilement étouffées, je tenais pour ma part un journal intime que j’ai décidé de publier. Mon histoire est un cauchemar, et passer au travers m’a demandé énormément de lucidité et de courage. La souffrance dévorait chaque seconde de mon existence.

11. Contez quelques exemples de ce qui se passait en coulisses de cette clinique privée.

Au fil des mois, et avec l’aide de mon psychanalyste, j’ai découvert que le couple infirmière-chirurgien utilisait leurs patientes, qui en passant payaient pour leurs chirurgies des sommes exorbitantes. Avec mon avocat, j’ai fait la lumière finale sur un piège dépassant l’entendement. Ainsi, non content de s’abreuver de ses patientes pour essayer de ressouder son propre couple (alors en difficulté) avec l’infirmière, mon chirurgien leur faisait payer des sommes astronomiques, souvent au noir. Tandis que le mobile de l’infirmière était plus sournois : elle voulait l’emprise sur le chirurgien et la clinique, autrement dit sur l’empire financier qu’elle le poussait à construire. Dans ses moments de lucidité, mon chirurgien m’avouait ensuite qu’il n’aimait plus son métier, qu’il était prisonnier de l’infirmière et de sa clinique. Sa rage contenue était telle qu’il m’a avoué s’être retenu, en salle d’opération, de lacérer le visage de ses patientes avec son bistouri.

12. Mais vous avez frôlé la mort sur la table d’opération!

Oui. Pris entre deux feux, soit entre son envie de liberté et son devoir de médecin, mon chirurgien accumulait gaffe sur gaffe. Ainsi, furieux de perdre son emprise séductrice sur moi, le chirurgien a manqué, en août 2000, la première opération des implants temporaux, que je lui ai demandé de réparer évidemment. C’est alors que se produisit l’épisode le plus tragique, révélateur par ailleurs de la manipulation que je soupçonnais depuis quelque temps: voyant leur stratégie démasquée, le chirurgien et l’infirmière se sont vengés. C’est-à dire que lui m’a opérée dans des conditions effroyables, tandis qu’elle avait préparé une dose insuffisante d’anesthésiant. Le choc fut tel que j’ai fait ôter mes fils chez un autre praticien, et que j’ai refusé de mettre les pieds dans cette clinique durant six mois. Traumatisée, j’ai alors envoyé un recommandé à la clinique, et j’ai osé parler. C’est à ce moment qu’a débuté mon périple chez d’autres chirurgiens belges et parisiens, qui ont constaté le dommage. On m’a conseillé de prendre un avocat.

13. Pourquoi n’avez-vous pas tenté de parler de ce drame antérieurement?

Vous vous doutez bien que le sujet de l’abus médical est tabou, et qu’il est facile dans les milieux thérapeutiques de taxer une patiente de délire. Le poids du tabou est même tel qu’il entraîne une amnésie partielle. Comprenez bien que je ne veux pas susciter la plainte, sinon exposer des faits. Comme je vous dis, après avoir rencontré quelques chirurgiens belges, qui n’ont pas osé ouvrir les yeux -sauf un, qui malheureusement était coincé par le blocus universitaire- j’ai tenté de me faire réparer ailleurs, notamment à Paris (une enquête édifiante qui fait l’objet d’un chapitre dans mon livre). Mais là encore les chirurgiens étaient unanimes: personne ne voulait toucher une femme abîmée. Comme, de surcroît, l’opération des implants temporaux était une première mondiale, seul mon praticien pouvait rehausser l’implant tombant. Alors, par voie de justice, j’ai décidé de faire valoir mes droits sur l’abus médical. J’ai pris un avocat. Une mise en demeure a suffi pour que mon chirurgien me répare, le 31 mai 2001. Le traumatisme était si grave que, par la suite, j’ai quitté la Belgique pour le Canada.

14. Pourquoi avez-vous écrit L’Opération esthétique ?

Avec la psychanalyse, le livre m’a permis de retrouver ma joie de vivre, et de trancher avec un destin familial. Parallèlement, comme je vous l’ai dit, il est urgent d’informer le grand public de ce qui se passe vraiment en coulisses de la chirurgie esthétique. De dévoiler les secrets trop bien gardés du monde de l’image. Il est vital de rendre, aussi, ses lettres de noblesse à la chirurgie esthétique, en montrant que cette chirurgie, qui traverse une crise de croissance, a un tout autre enjeu que la séduction plastique. Car le livre n’est ni pour ou contre quelque chose; il propose juste une définition neuve, plus humaine, spirituelle et créative, de la chirurgie esthétique. Enfin, il faut savoir que ce n’est guère le passage à l’acte avec un médecin qui est dangereux ou condamnable, sinon la malhonnêteté qui peut en découler. Pour ma part, je n’ai pas souffert des liftings cumulés ou du passage à l’acte, mais d’un défaut d’honnêteté du chirurgien. Dans mes 20 opérations, il y a eu beaucoup de réparations. Au chirurgien, je demandais, au fond, de réparer le dommage qu’il me faisait.

15. Ce livre est une victoire pour votre ego?

Détrompez-vous. Je défends non un combat égotique -sinon j’aurais parlé de mes trois premiers livres, et je jubilerais de voir ma face «avant-après» étalée dans les médias (quelle futile victoire!)-, mais une cause publique. Et personne ne réussira à étouffer l’appel qui m’anime. Oui, la perversion existe sur les tables d’opération. Elle n’est autre que celle qui ronge le monde tout court. Car des millions d’hommes et de femmes souffrent des apparences, et meurent aujourd’hui de la plus grande des perversions: la dissimulation. À quoi sert-il de vouloir sauver la planète, si l’on ne songe d’abord, chacun et chacune, à oser voir clair? À l’image de l’Antarctique, nos coeurs doivent dégeler. Par ailleurs, contrairement à ce que peuvent affirmer d’autres thérapeutes complices du système, il faut beaucoup de force et de lucidité d’esprit pour s’engager seule face à une montagne. Car je n’ai reçu aucune aide pour cette oeuvre titanesque dont chaque mot est vrai, hormis celle d’un psychanalyste belge. Si vous lisez le livre, vous comprendrez que je préfère payer le prix de la liberté que de vendre mon âme. Il ne s’agissait donc pas de «dénaturer» mon visage, ni de devenir parfaite, comme il a été écrit par des journalistes qui n’ont rien compris, sinon de retrouver mon essence véritable. C’est là que la chirurgie esthétique peut trouver ses lettres de noblesse, dans une démarche intrinsèque, soit inverse à la cupidité ou au pouvoir qui sous-tend sa recherche.

16. Vous ne semblez pas appréciée par une chirurgienne qui, tant à la télévision que dans Le Journal de Québec, a eu a votre sujet des paroles dures: elle juge votre histoire loufoque, et vous voit affectivement carencée, voire atteinte d’une pathologie mentale…

Il est probable que cette chirurgienne aurait effectivement préféré se retrouver face à une patiente «chez qui ça ne tourne pas rond» comme elle a dit, et qu’on fait taire un peu vite. Or, mon cas est banal. Ce qui l’est moins, c’est que j’ai osé aller au bout du chemin, mobilisée, en tant que journaliste, et femme fatale repentie, par cette question essentielle, publiquement étouffée: «Quel est l’enjeu réel de la chirurgie esthétique?» Pour le savoir, il fallait carrément «passer sur le billard, voire être prise en otage d’un chirurgien esthétique». J’ai eu cette double «chance». Il faut savoir que, bien souvent, les femmes et les hommes défigurés ou abusés se cachent -dont des célébrités de la chanson ou du cinéma. Bien sûr, j’avais une carence affective et un déséquilibre émotif -qui n’en a pas aujourd’hui?- mais au moins j’avais conscience d’être à côté de mes pompes. Le livre part d’ailleurs de cette blessure-là, de cette blessure publique de l’image, oserais-je dire sinon il n’y aurait pas eu de livre, et… un témoin subtilement étranglé. Comprenez bien que certains chirurgiens, soucieux de préserver leur empire (notamment financier), voire leur «droit de cuissage» pour les plus téméraires, n’aiment pas qu’on vienne déranger leur monde…

17. Quelle est pour vous la raison d’être de la chirurgie esthétique?

Certainement pas son mobile d’aujourd’hui, qui est de renforcer la séduction maladive entre hommes et femmes. Ouvrons les yeux: ce n’est plus massacre à la tronçonneuse, mais massacre au bistouri! Mon but n’est pas de faire bander les hommes, mais de contribuer à la reconnaissance d’une féminité belle et forte. À mon avis, la raison d’être véritable de la chirurgie esthétique est passée sous silence. Au fond, comme je vous l’ai dit, la chirurgie esthétique, qui traverse une crise de croissance, a peut-être un enjeu bien plus noble. Ainsi, un chirurgien ne devrait pas opérer les femmes pour les mauvaises raisons, qui aujourd’hui abondent: soit pour l’argent, pour que la femme «en jette» aux yeux des hommes, ou, pire encore, pour la mouler à sa façon (le mobile des chirurgiens «pygmalions», et je vous assure que j’en ai rencontré quelques-uns en Europe lors de mon enquête). Bien comprise, la chirurgie esthétique peut, au contraire, rendre aux hommes et aux femmes leur essence véritable. Finalement, on pourrait se poser cette question cruciale: dans une société saine, la chirurgie esthétique aurait-elle une raison d’être? Pour imager, le message de L’Opération esthétique est celui-ci: «Contrairement au chat, au chimpanzé, ou à nombre d’espèces plus sages et efficaces, l’homme et la femme restent des prédateurs. En 2008, peut-être pourraient-ils suivre leur exemple, et oser l’échange. Un jeu palpitant (et non plus pervers), qui fera bientôt le tour de la terre.» Il faudra bien nous extraire de l’ère industrielle, et nous adapter, en souplesse, à l’ère des communications… vraies. «Des jeux, du pain!» scandaient les romains. Aujourd’hui, ajoutons-y de l’esprit… c’est la nouvelle recette du sex-appeal. Il n’y a plus de temps à perdre. Ainsi, nous ne mourrons plus idiots, et laisserons, après notre passage sur terre, un parfum immortel.

L’Opération esthétique, Journal intime d’une journaliste cobaye de la chirurgie esthétique disponible en librairie ou sur commande aux
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